Voltaire, La philosophie de Voltaire… (1848) “ Dieu a donc pu donner à ses créatures une petite portion de liberté, de même qu'il leur a donné une petite portion d'intelligence. La liberté dans Dieu est le pouvoir de penser toujours tout ce qui lui plaît, et de faire toujours tout ce qu'il veut. La liberté donnée de Dieu à l'homme est le pouvoir faible et limité d'opérer certains mouvemens, et * de s'appliquer à quelques pensées. La liberté des enfans qui ne réfléchissent jamais consiste seulement à vouloir et à opérer certains mouvemens. Si nous étions toujours libres, nous serions semblables à Dieu. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Voltaire… (1876) “ Il se surpassa en effet, du moins au goût de celui qui la lui avait demandée, dans l'ode qu'on connaît; Frédéric en fut content et reconnaissant; Voltaire donna alors à entendre qu'il était temps de lui rendre les « brimborions » — la croix et la clef qui lui avaient été enlevées à Francfort; — Frédéric pensa qu'il fallait aupa- ravant laisser mourir en paix Maupertuis, qui était trèsmalade et qui mourut en effet pendant l'été. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Elémens de la philosophie de Neuton… “ S'il étoit en effet un million de fois plus solide, plus plein que la Terre, l'ordre du Monde ne seroit pas tel qu'il est; car les révolutions des Planetes & leurs distances à leur centre dépendent de leur gravitation, & leur gravitation dépend en raison directe 288 de la quantité de la matiere du Globe où est leur centre; donc si le Soleil surpassoit à un tel excès notre Terre & notre Lune en matiere solide, ces Planetes seroient beaucoup plus attirées, & leurs Ellipses très-dérangées. ” [↩︎] Source : Gutenberg ▶︎
“ Tous les hommes, tous les Philosophes, & les Descartes & les Mallebranches, & ceux qui se sont éloignez le plus des pensées vulgaires, ont également cru qu'en effet ce sont les surfaces solides des corps qui nous renvoyent les rayons. Plus une surface est unie & solide, plus elle fait, dit-on, rejaillir de lumiere; plus un corps a de pores larges & droits, plus il transmet de rayons à travers sa substance. ” [↩︎] Source : Gutenberg ▶︎
Voltaire, Œuvres complètes de Voltaire “ C’est qu’on juge que des hommes qui n’auraient pas de frein ne pourraient jamais vivre ensemble ; que les lois ne peuvent rien contre les crimes secrets ; qu’il faut un Dieu vengeur qui punisse dans ce monde-ci ou dans l’autre les méchants échappés à la justice humaine. Les lois de Moïse, il est vrai, n’enseignaient point une vie à venir, ne menaçaient point de châtiments après la mort, n’enseignaient point aux premiers Juifs l’immortalité de l’âme ; mais les Juifs, loin d’être athées, loin de croire se soustraire à la vengeance divine, étaient les plus religieux de tous les hommes. ” [↩︎] Source : Wikisource ▶︎
“ Le clergé de France ne tient ses séances à Paris que chez les moines augustins. Le parlement même d’Angleterre ne siége que dans l’abbaye de Westminster. Le roi était sur son trône. Au-dessous de lui étaient à droite et à gauche les princes du sang, le connétable Henri de Montmorency, duc et pair ; il n’y avait que deux autres ducs, d’Épernon et Albert de Gondi, avec Jacques de Matignon, maréchal de France. Les quatre secrétaires d’État étaient derrière eux. Le légat avait un siége vis-à-vis le trône du roi ; il était entouré d’un grand nombre d’évêques ” [↩︎] Source : Wikisource ▶︎
Voltaire, Le testament de Jean Meslier… (1864) “ De sorte que quand ce seroit même un ouvrier tout-puissant qui les formeroit exprès, il ne les formeroit que par cette diverse configuration, liaison et modification des parties de la matière. Et de même que les plus beaux ouvrages de l'art et de l'industrie humaine ne se font que par le moïen de la forme, de l'arrangement et de la liaison que les ouvriers donnent aux matériaux, dont ils se servent pour faire leurs ouvrages, de même tous les plus beaux et les plus parfaits ouvrages ,de la nature ne se font que par configuration, liaison et modification des parties de la matière. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Candide (1759) “ Il était tout naturel d’imaginer qu’après tant de désastres, Candide, marié avec sa maîtresse et vivant avec le philosophe Pangloss, le philosophe Martin, le prudent Cacambo, et la vieille, ayant d’ailleurs rapporté tant de diamants de la patrie des anciens Incas, mènerait la vie du monde la plus agréable ; mais il fut tant friponné par les juifs, qu’il ne lui resta plus rien que sa petite métairie ; sa femme, devenant tous les jours plus laide, devint acariâtre et insupportable ; la vieille était infirme, et fut encore de plus mauvaise humeur que Cunégonde. ” [↩︎] Source : Wikisource ▶︎
Voltaire, Œuvres complètes de Voltaire (1877) “ Le roi fut reçu dans Paris avec un morne silence [588] . Le peuple ne voit dans un parlement que l’ennemi des impôts ; il n’examine jamais si ces impôts sont nécessaires ; il ne fait pas même réflexion qu’il vend sa peine et ses denrées plus cher à proportion des taxes, et que le fardeau tombe sur les riches. Ceux-ci se plaignent eux-mêmes, et encouragent les murmures de la populace [589] . Les Anglais dans cette guerre ont été plus chargés que les Français ; mais, en Angleterre, la nation se taxe elle-même, elle sait sur quoi les emprunts seront remboursés. ” [↩︎] Source : Wikisource ▶︎
Voltaire, Théâtre choisi de Voltaire (1849) “ Ces plébéiens oisifs de la première scène nous préparent à ce peuple de Rome entraîné par Antoine, après avoir applaudi Brutus, et plus touché du testament de César que de la liberté. Depuis le jeune esclave, réveillé de son paisible sommeil par les insomnies de Brutus, jusqu'au poëte Cinna, massacré dans la rue pour une ressemblance de nom, chaque incident, chaque personnage , est un trait de la vie humaine dans les révolutions. Le costume, le langage antique est souvent altéré par ignorance; mais la nature toujours devinée. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Histoire de Charles XII, roi de Suède (1820) “ Le roi de Suède se trouva ainsi sans provisions et sans communication avec la Pologne, entouré d'ennemis, au milieu d'un pays où il n'avait guère de ressource que son courage. Dans cette extrémité, le mémorable hiver de 1709, plus terrible encore sur ces frontières de l'Europe, que nous ne l'avons senti en France, détruisit une partie de son armée. Charles voulait braver les saisons comme il faisait ses ennemis; il osait faire de longues marches de troupes pendant ce froid mortel. Ce fut dans une de ces marches que deux mille hommes tombèrent morts de froid presqu'à ses yeux. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Œuvres complètes de Voltaire (1877) “ Louis XIV avait le premier entretenu ces nombreuses armées qui forcèrent les autres princes à faire les mêmes efforts, de sorte qu’après la paix d’Aix-la-Chapelle, en 1748, les puissances chrétiennes de l’Europe eurent environ un million d’hommes sous les armes, au détriment des arts et des professions nécessaires, surtout de l’agriculture : on se flatta que de longtemps il n’y aurait aucun agresseur, parce que tous les États étaient armés pour se défendre ; mais on se flatta en vain. CHAPITRE XXXI.ÉTAT DE L’EUROPE EN 1756. ” [↩︎] Source : Wikisource ▶︎
Voltaire, Théâtre choisi de Voltaire (1849) “ « Il est impossible d'employer une politique plus adroite et plus insinuante et de parler mieux en vers. Mais la politique qu'on admirait du temps de Corneille ne nous touche plus guère au théâtre. » (La Harpe.) ACTE II, SCÈNE II. 115 Perdez moins d'artifice à tromper ma franchise; Ce coeur est tout ouvert, et n'a rien qu'il déguise. Outragé du sénat, j'ai droit de le haïr ; Je le hais : mais mon bras est prêt à le servir. Quand la cause commune au combat nous appelle, Rome au coeur de ses fils éteint toute querelle 1 ; Vainqueurs de nos débats, nous marchons réunis ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Histoire de Charles XII, roi de Suède (1860) “ « Telle est la volonté du roi » mon maître ; il ne change jamais ses résolutions. » Tandis que cette paix se négociait sourdement 1 en Saxe, la fortune sembla mettre le roi Auguste en état d'en obtenir une plus honorable, et de traiter avec son vainqueur sur un pied plus égal. Le prince Menzikoff, généralissime des armées moscovites, vint avec trente mille hommes le trouver en Pologne, dans le temps que non-seulement il ne souhaitait plus ses secours, mais que même il les craignait : il avait avec lui quelques troupes polonaises et saxonnes, qui faisaient en tout six mille hommes. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Histoire de la comtesse de Savoie… (1889) “ La rapidité de cette conquête fit grand bruit en Savoie ; Mendoce y avait trop de part pour n'être pas cité dans toutes les relations qui venaient de ce pays-là à Turin : on y parlait de lui comme d'un héros. Tout ce que la comtesse entendait dire de Mendoce redonnait à ses sentiments la vivacité que l'absence avait en quelque manière affaiblie; elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une joie secrète de la gloire qu'il s'était acquise ; son amour-propre était flatté de penser qu'elle avait touché le cœur d'un homme qui, en toutes façons, paraissait si fort au-dessus des autres. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Introduction “ Quand Alexandre s’empare de la Perse, la Judée est comprise dans ses conquêtes. Après Alexandre, les Juifs demeurèrent soumis tantôt aux Séleucides, ses successeurs en Syrie, tantôt aux Ptolémées, ses successeurs en Égypte ; toujours assujettis, et ne se soutenant que par le métier de courtiers qu’ils faisaient dans l’Asie. Ils obtinrent quelques faveurs du roi d’Égypte Ptolémée Épiphanes. Un Juif, nommé Joseph, devint fermier général des impôts sur la basse Syrie et la Judée, qui appartenaient à ce Ptolémée. C’est là l’état le plus heureux des Juifs ” [↩︎] Source : Wikisource ▶︎
Voltaire, Lettres choisies de Voltaire (1872) “ Ce rôle est digne de vous, et je vous le propose comme à un homme qui a un cœur digne de son esprit. Écrivez au cardinal ; deux mots et votre nom feront beaucoup, je vous en réponds : il en croira un homme accoutumé à démontrer la vérité. Je vous remercie, et je me souviendrai toujours de celles que vous m'avez enseignées. Je n'ai qu'un regret, c'est de n'en plus apprendre sous vous. Je vous lis au moins, ne pouvant plus vous entendre. L'amour de la vérité m'avait conduit à Leyde, l'amitié seule ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Correspondance littéraire… (1877-1882) “ Quoique cette pièce ne soit qu'une imitation des Ménechmes de Regnard, des Trois Jumeaux vénitiens de Colalto, des Deux Arlequins de Bergame de M. de Florian, elle fait honneur au talent d'écrire de M. Forgeot; on regrette seulement de lui voir employer ce talent, qui paraît cligne de la bonne comédie, à un genre de pièces dont le petit théâtre des Variétés-Amusantes vient de s'emparer avec succès dans la Nuit aux aventures, clans Ruse contre ruse, etc., pièces dont, l'intrigue d'ailleurs est beaucoup mieux conçue que celle des nouveaux Ménechmes femelles. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Le testament de Jean Meslier… (1864) “ Si donc il ne fait pas tout le bien, qu'il seroit convenable de faire à toutes ses créatures, et s'il n'empêche pas toujours le mal, qui pouroit leur nuire, il faut nécessairement que ce soit ou parce qu'il ne veut, ou parce qu'il ne peut. Si c'est parce qu'il ne veut, il n'est donc pas infiniment bon, comme on le veut suposer, puisqu'il ne veut pas toutes sortes de biens, car un Etre, qui seroit infiniment bon et infiniment sage, ne manqueroit jamais de bonne volonté, et aimeroit nécessairement toujours à faire le bien. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, La philosophie de Voltaire… (1848) “ Dans cet être sensible, intelligent, pensant, qui se croit l'objet constant de la prédilection divine, et qui fait son Dieu d'après son propre modèle, nous ne voyons qu'une machine plus mobile, plus frêle, plus sujette à se déranger par sa grande complication que celle des êtres les plus grossiers. Les bêtes dépourvues de nos connaissances, les plantes qui végètent, les pierres privées de sentiment, sont à bien des égards des êtres plus favorisés que l'homme; ils sont au moins exempt des peines d'esprit, des tourmens de la pensée, des chagrins dévorans, dont celui-ci est si souvent la proie. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Le testament de Jean Meslier… (1864) “ D'ailleurs nous sentons intérieure- ment et très-certainement, que c'est par notre cerveau que nous pensons, et que c'est par notre chair que, ; nous sentons, comme c'est par nos yeux que nous voïons, et par nos mains que nous touchons. Et ainsi nous devons nécessairement dire, que c'est précisément dans ces sortes de mouvemens et de modifications internes de notre chair et de notre cerveau, que consistent toutes nos pensées, toutes nos connoissances, toutes nos sensations. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
“ J'ajouterai à cela que, sous un Dieu juste et tout-puissant, aucune créature ne mériteroit jamais d'être malheureuse, parce que la même bonté, la même sagesse et la même toute-puissance d'un Dieu, qui les auroit formées et entières et parfaites, chacune suivant leur espèce, auroit pourvû aussi à les conserver toujours dans le même état de perfection, et à empêcher qu'elles ne méritassent jamais d'être malheureuses ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
“ Il faut, disentils *, attribuer à une chose ce qui est clairement renfermé dans l'idée qui nous la représente, c' est le principe général de toutes les sciences. Or l'existence est clairement renfermée dans l'idée que l'on a de Dieu, c'est-à-dire dans l'idée que l'on a de l'être infiniment parfait; donc Dieu qui est le seul être infiniment parfait, existe. Nos nouveaux cartésiens prétendent, par ce seul et brièf raisonnement, tirer un argument démonstratif de l'existence de leur Dieu. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, La philosophie de Voltaire… (1848) “ Si notre corps organisé était immortel, celui des animaux le serait aussi ; or, il est clair qu'en peu de temps le globe ne pourrait suffire à nourrir tant d'animaux ; ces êtres immortels, qui ne subsistent qu'en renouvelant leurs corps par la nourriture, périraient donc faute de pouvoir se renouveler ; tout cela est contradictoire. On en pourrait dire beaucoup davantage ; mais tout lecteur vraiment philosophe verra que la mort était nécessaire à tout ce qui est né. L'homme né pour mourir ne pouvait pas plus être soustrait aux douleurs qu'à la mort. ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎
Voltaire, Elémens de la philosophie de Neuton… “ Le mystère de la lumiere réflechie du milieu des pores, & de dessus les surfaces, sans toucher aux surfaces, a des profondeurs que les loix de l'attraction ne peuvent sonder: il n'y a qu'un Charlatan, qui se vante d'avoir un remede universel, & ce seroit être Charlatan en Philosophie que de rapporter tout, sans preuve, à la même cause; cette même force d'esprit qui a fait découvrir à Neuton le pouvoir de l'attraction, lui a fait avouer que ce pouvoir est bien loin d'être l'unique Agent de la Nature. ” [↩︎] Source : Gutenberg ▶︎
“ Si les Satellites de Jupiter & de Saturne font leur révolution dans des courbes qui sont plus approchantes du cercle, c'est qu'étant très-proches des grosses Planetes qui sont leur centre, & très-loin du Soleil, l'action du Soleil ne peut changer le cours de ces Satellites, comme elle change le cours de notre Lune; il est donc prouvé que la gravitation, dont le nom seul sembloit un si étrange paradoxe, est une loi nécessaire dans la constitution du Monde; tant ce qui est peu vraisemblable est vrai quelquefois. ” [↩︎] Source : Gutenberg ▶︎
Voltaire, Œuvres complètes de Voltaire “ En un mot, chez les Grecs et chez les Romains, autant de sectes, autant de manières de penser sur Dieu, sur l’âme, sur le passé, et sur l’avenir : aucune de ces sectes ne fut persécutante. Toutes se trompaient, et nous en sommes bien fâchés ; mais toutes étaient paisibles, et c’est ce qui nous confond ; c’est ce qui nous condamne ; c’est ce qui nous fait voir que la plupart des raisonneurs d’aujourd’hui sont des monstres, et que ceux de l’antiquité étaient des hommes. ” [↩︎] Source : Wikisource ▶︎
“ Tous les premiers Pères de l’Église ont cru l’âme corporelle. Il est impossible à nous autres êtres bornés de savoir si notre intelligence est substance ou faculté : nous ne pouvons connaître à fond ni l’être étendu, ni l’être pensant, ou le mécanisme de la pensée. On vous crie, avec les respectables Gassendi et Locke, que nous ne savons rien par nous-mêmes des secrets du Créateur. Êtes-vous donc des dieux qui savez tout ? On vous répète que nous ne pouvons connaître la nature et la destination de l’âme que par la révélation. ” [↩︎] Source : Wikisource ▶︎
Voltaire, La philosophie de Voltaire… (1848) “ C'est l'ennemi de l'homme, aux enfers il est né. Vous vous trompez, ingrats, c'est un don de Dieu même. Tout amour vient du ciel ; Dieu nous chérit, il s'aime ; Nous nous aimons dans nous, dans nos biens, dans nos fils, Dans nos concitoyens, surtout dans nos amis : Cet amour nécessaire est l'ame de notre ame; Notre esprit est porté sur ses ailes de flamme. Oui, pour nous élever aux grandes actions, Dieu nous a par bonté donné les passions : Tout dangereux qu'il est, c'est un présent céleste ” [↩︎] Source : Gallica ▶︎